C’est jour de pluie. Il pleut dans ma tête. La brume est présente, le temps change et la nostalgie s’installe. C’est le genre de jour où je ne suis pas certains si je verrai le soleil. Je sais qu’il est là, quelque part, mais je ne le sens pas réchauffer mon âme.

Il pleut dans ma tête, mon parapluie me garde au sec, mais m’empêche de me mouiller. Je l’entends, je la sens et je la vois se déchaîner, mais je ne la touche pas, par peur d’être mouillé. Cette pluie qui tombe et envahis mon cerveau me paralyse autant qu’elle m’impressionne. Elle me rappelle que tout est éphémère et mon cerveau n’aime pas ce concept. Quand c’est jour de pluie, ma tête réalise qu’il ne fait pas toujours soleil et se demande si ce dernier sera de retour bientôt.

Avec le temps, ma vision a changé et aujourd’hui, c’est beau quand il pleut dans ma tête. Une sensation de sérénité tombe au même rythme que la pluie et des réflexions se dessinent sur le sol de mon esprit. J’ai l’impression que les nuages me protègent du soleil pour l’ombre d’un instant et enfin, je vois claire. J’aime le soleil, mais parfois, je me sens aveuglé.

En réalité, j’ai besoin de la pluie et j’ai envie d’être mouillé, même si je m’enuie du soleil. J’aime la pluie parce que personne ne l’attend, sauf ceux qui en ont vraiment besoin. Quand c’est la sécheresse dans ma tête, je me couche en espérant avoir la chance de revoir ces nuages que je n’ai pas vu depuis trop longtemps déjà. Mon jardin intérieur a compris qu’il ne vit pas simplement grâce au soleil et que s’il veut avoir une belle récolte, il aura besoin de beaucoup de pluie.

Il pleut dans ma tête et je l’accepte à ma façon. Ma façon n’est pas ta façon, autant que mon jardin, n’est pas ton jardin. Je ne pourrai jamais comprendre comment tu acceptes la pluie dans ta tête, je peux seulement espérer que tu l’apprécies à ta façon.

J’ai envie de te partager ma vision des orages et du chaos dans ma tête parce que quand c’est jour de pluie, tu me trouveras peut-être différent et je ne pourrai peut-être pas t’expliquer aussi bien que maintenant ce qu’il se passe dans ma tête.

Trop souvent, certaines personnes proches de moi ont cru qu’ils étaient la cause de la pluie dans ma tête et, par conséquent, voulaient devenir mon parapluie pour me protéger, me rassurer. Ces personnes ont un grand cœur, mais la pluie apparaît dans ma tête sans prévenir et le seul responsable est mon cerveau. Beau temps, mauvais temps, c’est mon cerveau qui décide quand il fait soleil et quand il pleut. Quand il pleut dans ma tête, c’est parce que mon cerveau a besoin d’être mouillé, il veut connecter avec la pluie, même si je dois changer de vêtements, et même si j’ai mal.

J’ai longtemps pensé que j’avais besoin d’un parapluie pour traverser ces périodes difficiles et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai jamais vraiment été proche de mes émotions, du moins, ceux qui font mal à l’âme. J’ai donc laissé mon jardin sécher et mes récoltes étaient inexistantes.

Aujourd’hui, il pleut dans ma tête et j’aime ça. Je nourris mon jardin, l’esprit en paix et je connecte avec l’eau. Non seulement, je n’ai plus peur d’être mouillé, mais j’ai envie de l’être. J’ai arrêté de prendre pour acquis qu’il fera toujours soleil et je me plais à vivre en fonction de la personne que je suis et non pas en fonction de la température dans ma tête.

Image par Daria Obymaha de Pixabay

Un texte de Francis Fleurant