Il est 6h00 du matin, tu entres dans ta douche qui est présentement fermée. Tu sais qu’une fois les valves ouvertes, il n’y aura pas d’eau chaude. Tu hésites, tu regardes le pommeau de douche et tu mets ta main sur le levier de l’inconfort, prêt à affronter l’eau glaciale sur ton corps encore chaud de la nuit confortable que tu as passé.

Ce n’est pas par oublie que tu es entré dans la douche avant même de la mettre en fonction, c’est par choix. Pendant un instant, tu te trouves étrange de faire le choix de prendre une douche froide quand elle pourrait facilement être chaude, comme à chaque matin depuis que ton monde est monde.

Plongé dans tes réflexions sur le <<pourquoi>> que tu veux faire ça, tu es à la croiser des chemins entre le courage et la fuite, tu es prêt à ouvrir le débit de cette eau glaciale et tu hésites. Tu te dis que dans le fond, personne ne va savoir au final si tu as pris la fuite et que tu as choisi de mettre la douche bouillante avant de te mouiller. Tu es libre de tricher puisque cette douche froide est banale pour tout le monde, sauf pour toi.

Pendant que tu réflexionnes dans ta douche sans eau, tu prends conscience qu’il n’y a que toi et l’eau glaciale qui va envahir ton corps. Tu as déjà des frissons et pourtant la douche est toujours fermée. Ton cerveau est tellement inconfortable qu’il anticipe cet inconfort avant même que ce soit le temps. C’est peut-être par instinct de survie, pourtant, tu es conscient que tu ne peux pas en mourir alors pourquoi autant d’hésitation?

Une fois convaincu de vouloir cet inconfort, tu te demandes quelle est la façon la plus confortable d’être inconfortable. Est-ce que je me place au bout de la douche pour tranquillement apprivoiser l’eau froide ou est-ce que je me plante directement en dessous et je vais all-in? Tout est une question de confort, même dans l’inconfort.

Peu importe ta stratégie, tu réalises une chose vraiment importante. Ta douche est encore fermée et ça fait déjà un bon cinq à dix minutes que tu te parles tout seul pour vivre de l’inconfort pendant que tu t’accroches au confort. C’est à se demander si l’inconfort est réellement l’eau froide ou bien le moment juste avant. Cette bataille psychologique que tu as entreprise dès le moment que tu es entré dans la douche a deux possibilités au final. Tu le fais, ou non!

Ce matin, tu avais besoin de prendre une bonne douche froide pour te replacer les idées. Tu le ressentais dans le plus profond de ton être, tu voulais vivre de l’inconfort et tu as été servi. Il était 6h00 du matin et tu es entré dans cette douche sans hésitation. Tu t’es dit que tu allais partir l’eau glaciale pour apprendre à naviguer dans cette zone inconfortable de la vie que tu n’as pas l’impression de maîtriser. Ta douche froide est simplement le tremplin pour accéder à ton processus mental pour affronter toutes les autres zones d’inconfort dans ta vie.

Quand tu as parti cette douche, ton hésitation et tes questionnement ont disparu automatiquement. Il ne restait que l’eau froide et toi. Au début, tu as figé, la sensation était tellement désagréable. Éventuellement, ta force mentale t’a permis de bouger, principalement pour en finir, mais aussi pour inconsciemment développer une relation avec l’inconfort.

Après quelques minutes, tu atteins l’apogée de cet inconfort. C’est à ce moment que tu as ressenti une force sortie de nulle part t’envahir. Une espèce d’énergie, un réveille autant physique que psychologique. Ça faisait longtemps que tu ne t’étais pas senti aussi vivant. Tu étais tellement vivant que tu as répété l’expérience durant trente jours consécutifs. L’objectif était d’apprivoiser cet inconfort, ce que tu as fait.

Quand ta petite douche d’eau froide devient ton plus gros combat du moment, tu comprends un peu mieux l’ampleur et la complexité de la relation entre le confort et l’inconfort pour des situations beaucoup plus complexes.

Je pense que tout le monde devrait prendre des douches froides de temps en temps. Je pense que sortir de sa zone de confort est l’ultime liberté que tous aspirent, mais que peu osent.

À chacun sa douche d’eau froide, à chacun sa liberté.

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