À chacun son travail, bien que stressant par moments, je me plais à développer des amitiés avec des collègues. Pour moi, c’est tout à fait naturelle que mes collègues deviennent des amis. Ça améliore l’ambiance et ça nourrit un désir de connection humaine. C’est aussi un signe de réussite, selon moi.
Récemment, j’ai eu une possibilité d’avancement à mon travail et une compétition s’est vite installée entre collègues. Le genre de rivalité qui arrive sans qu’on ne s’en aperçoive, de façon un peu mesquine et qui affecte des amitiés professionnelles. J’ai de la difficulté à comprendre pourquoi l’une de mes collègues et amie n’était plus la même jusqu’à ce que je réalise qu’elle avait de l’intérêt pour cette possibilité d’avancement.
Du jour au lendemain, cette belle amitié s’est transformée en compétition intensive. Moi qui suis littéralement un livre ouvert, j’avais du mal à comprendre ce manque de transparence. Je me suis posé une question importante. Est-ce que notre amitié était vraie tout ce temps?
Cet événement m’a bouleversée. C’était la première fois dans ma vie que je constatais qu’une amie avait le besoin d’être meilleure que les autres, incluant moi-même. Comment est-ce qu’une compétition peut réussir à affecter une si belle amitié? Est-ce que la réussite a un prix?
J’ai donc essayé de comprendre ce qui s’est passé, de comprendre la vision des gens qui m’entouraient… Avec cette pandémie, nous avons été davantage isolés. Est-ce que cette isolation aurait pu éloigner notre côté humain et augmenter nos besoins égoïstes? Est-ce que notre vraie nature serait réapparue, loin des autres et de leur influence? Est-ce que notre désir d’être une meilleure personne diminue avec cette isolation?
Au travail, j’en suis consciente et je ne peux pas le nier, je suis une personne compétitive, mais à faible dose. À faible dose, ça veut dire de ne pas aller au-delà des amitiés qui s’y forment. Pour moi, réussir, veut aussi dire de respecter mes collègues. J’ai de la difficulté à croire qu’une personne va volontairement mettre en péril une amitié sincère pour des fins d’avancement professionnelle. Je suis peut-être naïve, mais pourquoi ne pas espérer le meilleur pour les autres et se dire tout simplement: << que le meilleur gagne >>? Simplement laisser la vie faire les choses. Faire preuve de positivisme pour soi ainsi que pour les autres. Ça me semble si simple!
On m’a souvent dit : << Pense à toi! Chacun pense à son propre bien à la fin! >> , << L’amitié au travail ça n’existe pas >>! Pour moi, penser à moi veut aussi dire penser aux gens qui m’entourent. Quand je travaille en harmonie avec mes collègues et que nous voulons le bien mutuel de chacun, il est évident que ça va bien aller. L’entraide a beaucoup plus de poids dans la balance que la division.
Imagine pouvoir conserver une belle amitié en continuant ta carrière professionnelle et tous ça, avec le support des connections humaines que tu as dans ta vie. Entre ça, où perdre définitivement une amitié pour une promotion que tu n’est même pas certaine d’avoir, le choix est facile d’après moi.
Parfois, nous oublions de pousser nos réflexions un peu plus loin et c’est dommage. Nos actions et notre parole ont des répercussions dans l’univers des autres et c’est important de se le rappeler.
Nous sommes parfois trop pressés d’atteindre nos objectifs personnels et nous oublions ce qui se passe autour de nous. Je ne dis pas de passer notre propre intérêt au dépens de l’autre ou même de s’oublier, mais de penser à soi, tout en restant intègre aux autres. La réussite et l’accomplissement personnel ne devraient pas être associées à l’égoïsme et à la performance à tout prix. Ce qui devrait compter, c’est l’épanouissement individuel et vouloir le meilleur pour tout le monde, loin de la jalousie mal placée.
<< Réussir, ce n’est pas toujours ce que l’on croit. Ce n’est pas de devenir célèbre, ni riche ou encore puissant. Réussir c’est sortir de son lit le matin et être heureux de ce qu’on va faire durant la journée au point tel qu’on a l’impression de s’envoler. C’est travailler avec des gens qu’on aime. Réussir, c’est être en contact avec le monde et communiquer sa passion. C’est trouver une façon de rassembler des gens qui n’ont peut-être rien d’autre en commun qu’un rêve. C’est se coucher le soir en se disant qu’on a fait du mieux qu’on a pu >>.
Réussir, c’est connaître la joie, la liberté et l’amitié. Réussir, c’est aimer.
Photo par Fizkes sur Shutterstock
Un texte de Hala Gébrine
Hala Gébrine
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