À ce masque qui te cache et te couvre, synonyme du puissant symbole d’une barrière psychologique entre la peur et la liberté. Par protection personnelle, il est volontairement adopté. Ici, naît le jugement d’une société qui affectera ta liberté individuelle d’être.

La magnifitude de ta personne ne plaît pas. Hors norme, hors conforme. Cherchant la clef pour ouvrir la porte d’une prison sur-mesure, renfermant une odeur d’humidité éternelle et chassant toute nouvelle brise d’air frais.

Tu réalises assez vite qu’ici, dans ce monde vide de liberté, ta clef est ce masque imprégné de l’odeur nauséabonde de la prison à laquelle tu veux tant échapper. Pour t’évader, tu dois te conformer. Après tout, qu’est-ce qu’un masque te rappelant quotidiennement la répression de ta liberté pour finalement être libre?

Magnifique faux concept à laquelle est attribuée une réelle liberté. Cette réelle liberté te rappelant qu’à l’extérieur de cette prison qui te gardait en captivité, une plus grande prison t’attend, et le labyrinthe pour en sortir est encore plus grand.

Masque après masque, tu échanges des brins de ta liberté pour acheter la paix avec la peur. De prison en prison, tu finis par te perdre dans un gigantesque chemin rendant de plus en plus difficile l’atteinte de cette liberté tant convoitée.

Bienvenue dans le pire. Cette zone qui semblait impossible à atteindre puisque ta première clef avait été choisie en fonction de l’atteinte du mieux et que le pire était déjà présent, dans le passé. Ironiquement, le pire du futur est souvent plus néfaste que le pire du présent.

Beaux temps, mauvais temps, les pensées déferlent sans égard à la température. Le poids du masque se fait ressentir. Enchainé dans une société libre, est-ce que toutes les portes avaient forcément besoin du port d’un masque pour être ouvertes?

Fièrement porté depuis longtemps, stimuler par le besoin d’acception, ce masque t’a offert un cadeau bien plus grand qu’une simple liberté individuelle. Ce masque t’a offert l’acceptation d’une société. Bien qu’axée sur la peur, cette société est maintenant la base de ton épanouissement personnel.

Ce masque, symbole d’acceptation et sentiment d’appartenance à une société est plus grand que la liberté individuelle à laquelle tu voulais tant accéder. Cette clef, qui défie la mort, te permet d’être immortel le temps d’un instant. Renonçant à ton droit d’être la personne que tu as toujours voulu être, tu permets à cette société de déterminer ton chemin pour vivre en paix, sans jugement.

En acceptant de porter fièrement ce masque, le choix est clair que tu préfères enterrer ta propre personne que laisser les autres le faire. Mourir avant son temps est ton plus grand accomplissement. Ne plus être est devenu une priorité remplaçant les bases fondamentales de l’accès à une liberté personnelle.

Avec une réflexion percutante, ce masque nauséabond n’aurait jamais dû être porté pour plaire. Contempler sa mort avant son temps est une perte de temps. Les normes éliminent l’unicité de chaque individu pour adhérer à un faux concept entrainant la généralisation d’une masse. Une conformité non-conforme dont tous doivent adhérer.

Vivre dans une société où tous et chacun veut être accepté pour ce que nous sommes ou se conformer à une norme pour nourrir notre besoin d’acception social et pointer du doigt tous les récalcitrants à la normalité, telle est la question qu’on devrait se poser avant de mettre un masque pour pleinement l’assumer.

Ton masque social te procure un faux sentiment de protection dans la seule vraie vie que tu auras. Plus longtemps il est porté, meilleurs sont les chances d’être contaminé par un virus à perpétuité.

Ton masque, ta prison.

Image par Free-Photos sur Pixabay

Un texte de Francis Fleurant