Es-tu toi-même? C’est avec une majorité de <<oui>> que cette question s’envole aussitôt arrivé. Quelles ont été tes plus grandes influences pour devenir la personne que tu es aujourd’hui? As-tu l’impression d’avoir emprunté ton identité?

C’est le genre de question difficile à répondre. Sans trop y accorder d’importance, on répond qu’on est fier de notre identité et on continue notre vie tranquillement jusqu’au prochain élément déclencheur qui tentera de revalider une fois de plus les mêmes questions.

Est-ce que le regard des autres est important? Une question souvent répondue par la négation. Pourtant, quand on nous regarde, nous devenons conscients de nous-même comme étant vulnérable. Cette conscience n’est pas une connaissance, c’est une expérience vécue de l’autre personne. Nous devenons conscients de notre moi en tant qu’objet seulement par rapport à la personne qui nous regarde. En gros, nous sommes l’objet du jugement de la personne qui nous regarde, peu importe ce que la personne pense de nous. Ensuite, nous interprétons le regard d’autrui pour se limiter dans notre être.

La liberté de l’autre est la limite de notre liberté. Quand tu regardes les autres librement et qu’ils te surprennent à les regarder, inconsciemment, tu leur donnes une identité emprunté, par peur du jugement. Le regard des autres transforme notre être-pour-soi en être-en-soi. Ça limite notre liberté et seule l’opposition à l’objectivation des autres nous permet de retrouver notre liberté, notre identité véritable.

Imagine que tu marches tranquillement dans un parc pour faire ta marche santé du jour et que tu surprends un couple en pleine action. Ils ne t’ont pas vu et tu décides de les regarder parce que tu es intrigué, amusé et subjugué. Tu laisses place à ton identité d’être-pour-soi et tu es absorbé par la situation. Puis, un autre marcheur te surprend à regarder le couple. Immédiatement, tu perçois le regard du marcheur et deviens l’objet de son jugement. Tu laisses tomber l’observation pour emprunter l’identité d’un pervers, d’un voyeur et d’un envahisseur de vie privée. Ton identité se construit alors en fonction du jugement du marcheur et tu deviens un être-en-soi. Puis, dans l’éventualité que tu oses retrouver ton identité, tu t’opposes au jugement du marcheur et tu perçois en lui une personne qui ne se mêle pas de ses affaires et qui tente de te brimer dans ta liberté d’identité.

Dès que nous sommes conscients d’être observés, nous arrêtons d’être notre véritable identité. C’est un phénomène humain. C’est aussi pour cette raison qu’on devrait prendre plus de temps à comprendre notre véritable identité plutôt que de balayer rapidement du revers ce genre de questionnement.

Par expérience, il est difficile de s’opposer aux regards des autres. Le sentiment de honte prend souvent le dessus rapidement au détriment de la véritable identité.

C’est ainsi que les jours passent et qu’en l’absence d’opposition du regard d’autrui, des identités emprunter naissent et perdurent au dépens de ta réelle personnalité flamboyante et unique.

Es-tu le résultat de plusieurs années de jugement?

Image par Free-Photos de Pixabay

Un texte de Francis Fleurant