Un LEGO est un peu comme un casse-tête en trois dimensions. Il y a une dimension physique, une dimension psychologique et une dimension intellectuelle. Le principe veut qu’une fois ton LEGO assemblé, que tu sois fier, autrement pourquoi se casser la tête?

Que ce soit par ennui, par plaisir ou par stimulation intellectuelle, bâtir un LEGO peut être un couteau à double tranchant. D’une part, tu protèges ta dimension psychologique, ton côté vulnérable, tu encourages un résultat final très prévisible et très sécuritaire. D’autre part, tu travailles une dimension physique et intellectuelle dans le but d’assembler un passe-temps qui prend tout ton temps.

C’est un peu comme conserver des portes fermées avant même de les ouvrir et de les comprendre. Ton LEGO est justement là pour ne pas que tu te casses la tête. Voici les étapes, voici les morceaux, sens-toi important et fier parce que tu vas bâtir quelque chose à partir de rien… mis à part les instructions et les pièces.

Imagine un LEGO qui ne s’achète pas, qui n’a pas de pièce et qui n’a aucune instruction. Tu bâtirais quoi? Fortes sont les chances que tu optes pour la création d’une vision beaucoup plus représentative de ton essence primaire. Construire un LEGO avec les instructions et les pièces de quelqu’un d’autre est facile, mais il s’agit avant tout d’une fierté sociale plutôt que personnelle.

C’est souvent dans l’abandon, dans l’inconnue et dans la résilience qu’on bâtit une fierté personnelle. Un LEGO sert principalement à bâtir une fierté en surface et souvent pour plaire à un certain standard. Pièce après pièce, tu bâtis un standard qui t’amène dans une normalisation gratifiante que tu acceptes sans trop te poser de question pour inconsciemment protéger ta vulnérabilité. Ton LEGO est une échappatoire à ton essence primaire que tu refuses d’explorer.

Des LEGOs, il y en a beaucoup et de toutes les sortent pour satisfaire un ensemble de personnes. Ces casse-têtes rassemblent dans un coin les adaptes de La guerre des étoiles et dans un autre, les fidèles d’Harry Potter. Les LEGOs aiment diviser pour satisfaire un agenda personnel et ont pour seul but l’adhésion de nouveaux adeptes qui défendront leur toute dernière construction.

Parfois, partir de rien signifie aussi partir avec tout. Quand tu pars avec tout, c’est à la fois épeurant et excitant. Il existe une beauté qui réside dans l’absence de règles et de morceaux prédéfinis. Un projet basé sur la fierté personnelle de celui ou celle qui l’entreprend est souvent beaucoup plus représentatif de l’essence primaire de cette personne. En gros, bravo pour toi si tu aimes La guerre des étoiles, mais je n’ai pas plus l’impression de connaître la profondeur de ta personne.

De passer sa seule vie en fonction d’un LEGO qui ne nous représente pas est malheureusement quelque chose qui arrive trop souvent. J’ai l’espoir qu’un jour, je verrai une majorité d’humains qui oseront bâtir à partir de tout sauf d’un LEGO. Moins il y aura de LEGO, plus grande deviendra l’ouverture et la compréhension de l’autre. Il en découlera de respect et de fierté personnelle. Des éléments qui permettront une évolution humanitaire sans précédent.

À chacun son LEGO sans ‘’ailes’’ pour garder les pieds sur terre.

Photo par Noah Buscher sur Unsplash